Ecriture
Pour l'instant je développe un récit unique, écrit et raconté par une personne, prenant comme base mon étonnement et mon ignorance face à cette histoire, face à l'injustice, à la trahison, au mensonge, à
l'incompétence et à une certaine frénésie économique générale. Un « vrai » conte pour adulte peut-être: « Il était une fois, au milieu des forêts ardennaises, un village...»
Ce récit sera ponctué par des sketches et par des interventions musicales.
Depuis quelques années, j'essaie d'expérimenter une sorte de théâtre mémoire, et ce travail s'inscrit dans la même lignée. Comment est-ce que l'Histoire nous traverse?
Le français n'est pas ma langue d'origine. C'est donc le regard et le récit d'un étranger, qui essaie de produire un français juste, mais peut-être un peu maladroit par moment.
Assumer cette maladresse pour trouver
« mon » langage de récit va être primordial pour créer une distance et pour inventer le personnage du conteur .
L'auteur et scénariste Marc Wels, compagnon de route de longue date, est à
mes côtés pour surveiller l'écriture, pour faire le script-docteur, peut-être
pour écrire une partie, et également pour diriger une partie des répétitions.
Note de Lionel Parlier
Nous ne vivons pas dans une démocratie solidaire. L'ultra libéralisme dans lequel nous vivons aujourd'hui ne peut pas déboucher sur une démocratie solidaire, c'est impossible. Il y a contradiction dans les termes. Nous en voyons des exemples tous les jours. L'histoire (vraie) que raconte ce spectacle est un de ces exemples, particulièrement violent, et dans le même temps banal. La violence ordinaire d'un monde, d'un système économique capitaliste dans lequel nous nous débattons. Une tragédie ordinaire.
Mon rôle, en tant que collaborateur à la mise en scène, est de faire en sorte que tout se mette à raconter. L'acteur, bien entendu, qui dans ce cas est aussi l'auteur et le chef de projet, avec sa présence flottante, sa colère, son extrême humanité, mais aussi la musique, les sons, l'espace, la lumière, les accessoires… Que tout raconte, que tout évoque une fonderie, un pole d'alternateur, la panique des banques, l'arrivée d'un capital qui en fait n'arrive jamais, une pièce de 1 euro, le silence des bords de la Meuse, 15 millions de dette, le temps qui court, la dette qui se creuse, la violence policière, la fin d'un monde, la Formule du Bonheur…
Avec pareille équipe, avec le travail qu'elle a fourni en amont, avec les matériaux qu'elle avait dans les mains il m'a suffi d'écouter, de réagir, de mettre les choses ensemble, de proposer à mon tour, d'ajuster ceci avec cela. Un pur plaisir. Si tant est que raconter pareille histoire soit un plaisir.
Et maintenant, on fait quoi ?
En sortant des premières représentations on apprend que le PDG d'Air France, qui a passé son année à faire passer un plan de restrictions budgétaires et de baisses de salaires au simple prix d'une chemise déchirée, augmente sa rémunération personnelle de 65%.
Démocratie solidaire. Quelle blague.
Lionel Parlier